Spécial Printemps des poètes.
19h lecture de poésie libertaire. Parole libre.
Vous êtes invités à réciter votre poésie préférée. À tour de rôle, imprégnons nous des mots qui choquent et s'entrechoquent. Un petit recueil contenant une sélection arbitraire de textes québécois sera remis aux participants.
20:30 Barbe Hallé chante les poèmes géologiques de son arrière petit-fils.
Barbe Hallé, c’est une fille pis deux gars qui jouent de la mandoline, du banjo, de la contrebasse, de la guitare «sèche» (pas de la guitare humide), du concertina, de l’harmonica pis d’autres gogosses à l’occasion. Ce soir ils mettent en musique les poèmes rauques de Fred Carrier dans une ode aux humeurs de la basse-ville.
Fred Carrier - textes originaux, banjo, concertina, guitare, voix
Luke Dawson - contrebasse, guitare, voix
Catherine Lefrançois - banjo, guitare, harmonica, mandoline, voix
Pour plus d'info
19h à l'Agitée
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Une sélection de poésie québécoise libertaire:
RépondreSupprimerDenis Vanier, Allo Police (Lesbiennes d'Acid)
John Sinclair, ministre obscène des White Panthers
a été condamné à 10 ans de prison
pour avoir donné 2 joints de marijuana
à un arriéré sale de l'escouade des narcotiques.
10 ans : plus que le maximum
Sinclair est une beauté dangereuse.
Pour lui, comme pour nous, la sexualité
les crises de nerfs tendres au toucher du corps
doivent se faire dans la rue en plein jour
devant ceux qui travaillent
fourrés par le fascisme de leurs préjugés.
Avec de la magie vulgaire, du rock'n roll et de la dope.
Nous sommes tous porteurs d'un sacrement à contempler
pour l'ultime libération des astres en nous.
Les barbiers vénériens
les juges alcooliques catholiques nazis
Steinberg et son alimentation de cadavres chimiques
tous les orthopédiques et dégénérés
qui cultivent leurs poux dans des frigidaires atomiques
doivent faire place à ceux pour qui le miracle de vivre
n'est pas un arrêt d'autobus
à 30° sous zéro
aliénés jusque dans leurs claques
La plaza s'égorge dans le balcon plein de scotch
le bien-être social mange des poodles castrés
pendant que sa vieille bite moisit
-----------dans son sous-vêtement de vison.
COME ON
Benzedrine rock devil's bombing comancheros
IT'S TIME TO JUSTIFY
DROP AND FUCK
Il nous faut tout dynamiter
s'attaquer délibérément aux skunks capitalistes
par tous les moyens
et à tous les niveaux de la création
au nom de tous ceux en proie à l'amour
prêtres homosexuels végétariens
guérilleros mythomanes
on ne peut plus nous canceller et nos baiser sont
transmissions inévitables
nous admettrons la culture
le jour ou une oeuvre d'art
nous fera décharger
premièrement le poil et le clitoris en tant qu'instrument d'insubordination tactile
deuxièmement la vulgarité pour sa pureté et sa bonne odeur
troisièmement les mathématiques subversves aux mains des enfants
et quatrièmement la révolution pour la fin du chrysler impérial
DaGiovanni étampe ses carré de jam dans le dos des negers québecois
et la plotte Eaton est un camp de concentration pour les fish sticks pollués de Radio-Canada
tank you Allah pour les racks à viande universitaires
qui se déshonnorent à lire Jean-Guy Pilon
pendant que les vrais poètes mangent des aspirines de Dracula incessants
l'argent c'est le vol
voler aux riches est un acte saint et sacré
tout ce qui est en vente dans les grands magasins nous appartient
il ne s'agit que de le reprendre
l'argent doit servir de papier à cigarette de marijuana
legalize it because we will take it in your blood
PS : Kraft fuck the cheese
Claude Gauvreau, Saint-Chrême Durci au Soleil (Étal Mixte, 1950-1951)
RépondreSupprimerLa frime impudente avait des ailerons de merde et des jointures de caca.
Métaphysique thuriféraire, le moine-abricot se crossait avec des châssis de baryum.
Voyant cela, la pause circonflexe se dressa !
Suçotant du dromadaire la pénioclistique fange marron, il mettait des vers dans son dessert !
Et le boa aux écailles de cristal jouait à papa et maman avec l'érection é-râpée et Klystée du saturnal évêque !
Scandale !
Scandale aux cloches !
La maman est par terre - la maman est là - qui frotte entre ses doigts le passe-temps menstruel de la veuve éplorée !
Giflée la trompe aux soudures de pus gras !
Purulence familiale, infection du jubé, chaude-pisse alternée de l'enfant de Marie et du bedeau obèse ! Inflation corticaire du curé aveugle qui crosse son or !
Meudon ! Noce des purées aux gales baptismales, aux calvities-marottes issus des véroles par plaques !
Inerties-nageoires bandées vers les piastres vertes, débandées devers les blancs ta-tas de mermédaille !
Andouille au troufignon glacé où nagent et se pavanent les herbages nauséeux du purgatoire de cul - où flottent et se constipent les épaules de Verlaine solitaires et glacées!
Là où le curé enfonce son poing au cul, là où l'enfant mignon lèche son nombril de pâte, les éclairs exaspérés torchent et retorchent la fiente du renard !
Et l'aigle abrite ses petits ! Et le nord corrompt son noir avoine !
Le chapiteau se lève.
La queue des fous branle dans le dos des vicaires ! C'est aux camps de réforme que le frère a ses proies !
Les serres minaudes de l'abbesse ébahie ont accouché au lit de jumeaux hydropiques !
Les monstres sans pattes ont suivi sur le ventre la procession savante de l'hostie cuivrée - l'hydrocéphale est mort, le goupillon l'encule.
Scandale !
Le moine est sans culotte - l'enfant dur a coupé sa varice !
Alex Fatta et David, Cadavre exquis
Un soir que nous étions, un ami et moi, dans un parc, à boire de la bière et fumer un joint tout en écrivant un cadavre exquis au dos d'une vieille facture d'épicerie, trois flics à vélos vinrent casser notre fun par un hypocrite "Salut, qu'est-ce que vous faites de beau?". Alors que mon ami tentait de cacher le joint et la bière derrière son dos, je répondis spontanément "On écrit un poème, voulez-vous que je vous le lise?" "Ben, ok" répondit l'un d'eux, un peu décontenancé. Alors je pris le bout de papier et leur fis cette lecture :
Un plumeau châtié par ses microbes domine sur la plaie des dunes ; l'appel au massacre d'aspirines innocentes qui calculaient les plus grandes clartés.
Après un silence de quelques secondes, la fille-flic lança, d'un ton qu'elle voulait ironique : "euh, c'est sensé" (elle voulait dire "c'est songé"). Finalement, les trois flics, se disant probablement que nous étions inoffensifs, s'éloignèrent en nous souhaitant une bonne fin de soirée. Preuve que la poésie peut être aussi efficace qu'un cocktail molotov. Mais l'un n'empêche pas l'autre....
René Lapierre, Aimée soit la honte, 2010, p. 42
Des lustres faux jettent sur nous
une lumière hautaine
traversée d'ombres et de frissons.
Sur les tables le brocart luit
comme une eau morte.
Nous levons nos verres.
Nous buvons aux fous qui mangent la terre
et qui l'affament.
C'est violent, c'est énorme.
Et quand là-haut les lustres se
détachent et nous coupent au visage
aux mains, nous les dissimulons.
Ne décevons pas nos maîtres.
N'embarrassons personne.
(L'Âge de la parole, Roland Giguère)
RépondreSupprimerLa main du bourreau finit toujours par pourrir
Grande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
grande main de fer rouge
grands ongles qui nous scient les os
grands ongles qui nous ouvrent les yeux
comme des huîtres
grands ongles qui nous cousent les lèvres
grands ongles d'étain rouillé
grands ongles d'émail brûlé
mais viendront les panaris
panaris
panaris
la grande main qui nous cloue au sol
finira par pourrir
les jointures éclateront comme des verres de cristal
les ongles tomberont
la grande main pourrira
et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs.
(L'Âge de la parole, 1965, p. 17 )
LA RAVACHOLE, auteur anonyme
1
Dans la grand'ville de Paris
Il y a des bourgeois bien nourris.
Il y a les miséreux
Qui ont le ventre creux :
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son, vive le son,
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son
D'l'explosion !
Dansons la Ravachole,
Vive le son, vive le son,
Dansons la Ravachole,
Vive le son
D'l'explosion !
Ah, ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois on les saut'ra
On les saut'ra
2
Il y a les magistras ventrus
Il y a les magistras ventrus,
Il y a les argousins.
Mais pour tous ces coquins
Il y a d'la dynamite
Vive le son, vive le son,
Il y a d'la dynamite,
Vive le son
d'l'explosion !
3
Il y a les sénateurs gâteux
Il y a les députés véreux
Il y a les généraux
Assassins et bourreaux
Bouchers en uniforme
Vive le son, vive le son,
Bouchers en uniforme
Vive le son
D'l'explosion !
4
Il y a les hôtels des richards
Tandis que les pauvres dèchards
À demi-morts de froid
Et soufflant dans leurs doigts
Refilent la comète
Vive le son, vive le son
Refilent la comète
Vive le son
D'l'explosion !
5
Ah, nom de dieu, faut en finir !
Assez longtemps geindre et souffrir !
Pas de guerre à moitié !
Plus de lâche pitié !
Mort à la bourgoisie
Vive le son, vive le son
Mort à la bourgeoisie
Vive le son
D'l'explosion !