vendredi 18 mars 2011

22 mars: Poésie libertaire

Spécial Printemps des poètes.


19h lecture de poésie libertaire. Parole libre.
Vous êtes invités à réciter votre poésie préférée. À tour de rôle, imprégnons nous des mots qui choquent et s'entrechoquent. Un petit recueil contenant une sélection arbitraire de textes québécois sera remis aux participants.

20:30 Barbe Hallé chante les poèmes géologiques de son arrière petit-fils.
Barbe Hallé, c’est une fille pis deux gars qui jouent de la mandoline, du banjo, de la contrebasse, de la guitare «sèche» (pas de la guitare humide), du concertina, de l’harmonica pis d’autres gogosses à l’occasion. Ce soir ils mettent en musique les poèmes rauques de Fred Carrier dans une ode aux humeurs de la basse-ville.

Fred Carrier - textes originaux, banjo, concertina, guitare, voix
Luke Dawson - contrebasse, guitare, voix
Catherine Lefrançois - banjo, guitare, harmonica, mandoline, voix

Pour plus d'info

19h à l'Agitée

3 commentaires:

  1. Une sélection de poésie québécoise libertaire:

    Denis Vanier, Allo Police (Lesbiennes d'Acid)

    John Sinclair, ministre obscène des White Panthers
    a été condamné à 10 ans de prison
    pour avoir donné 2 joints de marijuana
    à un arriéré sale de l'escouade des narcotiques.
    10 ans : plus que le maximum
    Sinclair est une beauté dangereuse.

    Pour lui, comme pour nous, la sexualité
    les crises de nerfs tendres au toucher du corps
    doivent se faire dans la rue en plein jour
    devant ceux qui travaillent
    fourrés par le fascisme de leurs préjugés.
    Avec de la magie vulgaire, du rock'n roll et de la dope.
    Nous sommes tous porteurs d'un sacrement à contempler
    pour l'ultime libération des astres en nous.

    Les barbiers vénériens
    les juges alcooliques catholiques nazis
    Steinberg et son alimentation de cadavres chimiques
    tous les orthopédiques et dégénérés
    qui cultivent leurs poux dans des frigidaires atomiques
    doivent faire place à ceux pour qui le miracle de vivre
    n'est pas un arrêt d'autobus
    à 30° sous zéro
    aliénés jusque dans leurs claques

    La plaza s'égorge dans le balcon plein de scotch
    le bien-être social mange des poodles castrés
    pendant que sa vieille bite moisit
    -----------dans son sous-vêtement de vison.

    COME ON
    Benzedrine rock devil's bombing comancheros
    IT'S TIME TO JUSTIFY
    DROP AND FUCK

    Il nous faut tout dynamiter
    s'attaquer délibérément aux skunks capitalistes
    par tous les moyens
    et à tous les niveaux de la création
    au nom de tous ceux en proie à l'amour
    prêtres homosexuels végétariens
    guérilleros mythomanes
    on ne peut plus nous canceller et nos baiser sont
    transmissions inévitables
    nous admettrons la culture
    le jour ou une oeuvre d'art
    nous fera décharger
    premièrement le poil et le clitoris en tant qu'instrument d'insubordination tactile
    deuxièmement la vulgarité pour sa pureté et sa bonne odeur
    troisièmement les mathématiques subversves aux mains des enfants
    et quatrièmement la révolution pour la fin du chrysler impérial
    DaGiovanni étampe ses carré de jam dans le dos des negers québecois
    et la plotte Eaton est un camp de concentration pour les fish sticks pollués de Radio-Canada
    tank you Allah pour les racks à viande universitaires
    qui se déshonnorent à lire Jean-Guy Pilon
    pendant que les vrais poètes mangent des aspirines de Dracula incessants
    l'argent c'est le vol
    voler aux riches est un acte saint et sacré
    tout ce qui est en vente dans les grands magasins nous appartient
    il ne s'agit que de le reprendre
    l'argent doit servir de papier à cigarette de marijuana
    legalize it because we will take it in your blood
    PS : Kraft fuck the cheese

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  2. Claude Gauvreau, Saint-Chrême Durci au Soleil (Étal Mixte, 1950-1951)

    La frime impudente avait des ailerons de merde et des jointures de caca.
    Métaphysique thuriféraire, le moine-abricot se crossait avec des châssis de baryum.
    Voyant cela, la pause circonflexe se dressa !
    Suçotant du dromadaire la pénioclistique fange marron, il mettait des vers dans son dessert !
    Et le boa aux écailles de cristal jouait à papa et maman avec l'érection é-râpée et Klystée du saturnal évêque !
    Scandale !
    Scandale aux cloches !
    La maman est par terre - la maman est là - qui frotte entre ses doigts le passe-temps menstruel de la veuve éplorée !
    Giflée la trompe aux soudures de pus gras !
    Purulence familiale, infection du jubé, chaude-pisse alternée de l'enfant de Marie et du bedeau obèse ! Inflation corticaire du curé aveugle qui crosse son or !
    Meudon ! Noce des purées aux gales baptismales, aux calvities-marottes issus des véroles par plaques !
    Inerties-nageoires bandées vers les piastres vertes, débandées devers les blancs ta-tas de mermédaille !
    Andouille au troufignon glacé où nagent et se pavanent les herbages nauséeux du purgatoire de cul - où flottent et se constipent les épaules de Verlaine solitaires et glacées!
    Là où le curé enfonce son poing au cul, là où l'enfant mignon lèche son nombril de pâte, les éclairs exaspérés torchent et retorchent la fiente du renard !
    Et l'aigle abrite ses petits ! Et le nord corrompt son noir avoine !
    Le chapiteau se lève.
    La queue des fous branle dans le dos des vicaires ! C'est aux camps de réforme que le frère a ses proies !
    Les serres minaudes de l'abbesse ébahie ont accouché au lit de jumeaux hydropiques !
    Les monstres sans pattes ont suivi sur le ventre la procession savante de l'hostie cuivrée - l'hydrocéphale est mort, le goupillon l'encule.
    Scandale !
    Le moine est sans culotte - l'enfant dur a coupé sa varice !

    Alex Fatta et David, Cadavre exquis
    Un soir que nous étions, un ami et moi, dans un parc, à boire de la bière et fumer un joint tout en écrivant un cadavre exquis au dos d'une vieille facture d'épicerie, trois flics à vélos vinrent casser notre fun par un hypocrite "Salut, qu'est-ce que vous faites de beau?". Alors que mon ami tentait de cacher le joint et la bière derrière son dos, je répondis spontanément "On écrit un poème, voulez-vous que je vous le lise?" "Ben, ok" répondit l'un d'eux, un peu décontenancé. Alors je pris le bout de papier et leur fis cette lecture :

    Un plumeau châtié par ses microbes domine sur la plaie des dunes ; l'appel au massacre d'aspirines innocentes qui calculaient les plus grandes clartés.

    Après un silence de quelques secondes, la fille-flic lança, d'un ton qu'elle voulait ironique : "euh, c'est sensé" (elle voulait dire "c'est songé"). Finalement, les trois flics, se disant probablement que nous étions inoffensifs, s'éloignèrent en nous souhaitant une bonne fin de soirée. Preuve que la poésie peut être aussi efficace qu'un cocktail molotov. Mais l'un n'empêche pas l'autre....

    René Lapierre, Aimée soit la honte, 2010, p. 42
    Des lustres faux jettent sur nous
    une lumière hautaine
    traversée d'ombres et de frissons.

    Sur les tables le brocart luit
    comme une eau morte.
    Nous levons nos verres.

    Nous buvons aux fous qui mangent la terre
    et qui l'affament.
    C'est violent, c'est énorme.

    Et quand là-haut les lustres se
    détachent et nous coupent au visage
    aux mains, nous les dissimulons.

    Ne décevons pas nos maîtres.
    N'embarrassons personne.

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  3. (L'Âge de la parole, Roland Giguère)
    La main du bourreau finit toujours par pourrir

    Grande main qui pèse sur nous
    grande main qui nous aplatit contre terre
    grande main qui nous brise les ailes
    grande main de plomb chaud
    grande main de fer rouge

    grands ongles qui nous scient les os
    grands ongles qui nous ouvrent les yeux
    comme des huîtres
    grands ongles qui nous cousent les lèvres
    grands ongles d'étain rouillé
    grands ongles d'émail brûlé

    mais viendront les panaris
    panaris
    panaris

    la grande main qui nous cloue au sol
    finira par pourrir
    les jointures éclateront comme des verres de cristal
    les ongles tomberont

    la grande main pourrira
    et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs.

    (L'Âge de la parole, 1965, p. 17 )


    LA RAVACHOLE, auteur anonyme

    1
    Dans la grand'ville de Paris
    Il y a des bourgeois bien nourris.
    Il y a les miséreux
    Qui ont le ventre creux :
    Ceux-là ont les dents longues,
    Vive le son, vive le son,
    Ceux-là ont les dents longues,
    Vive le son
    D'l'explosion !

    Dansons la Ravachole,
    Vive le son, vive le son,
    Dansons la Ravachole,
    Vive le son
    D'l'explosion !
    Ah, ça ira, ça ira, ça ira,
    Tous les bourgeois on les saut'ra
    On les saut'ra

    2
    Il y a les magistras ventrus
    Il y a les magistras ventrus,
    Il y a les argousins.
    Mais pour tous ces coquins
    Il y a d'la dynamite
    Vive le son, vive le son,
    Il y a d'la dynamite,
    Vive le son
    d'l'explosion !

    3
    Il y a les sénateurs gâteux
    Il y a les députés véreux
    Il y a les généraux
    Assassins et bourreaux
    Bouchers en uniforme
    Vive le son, vive le son,
    Bouchers en uniforme
    Vive le son
    D'l'explosion !

    4
    Il y a les hôtels des richards
    Tandis que les pauvres dèchards
    À demi-morts de froid
    Et soufflant dans leurs doigts
    Refilent la comète
    Vive le son, vive le son
    Refilent la comète
    Vive le son
    D'l'explosion !

    5
    Ah, nom de dieu, faut en finir !
    Assez longtemps geindre et souffrir !
    Pas de guerre à moitié !
    Plus de lâche pitié !
    Mort à la bourgoisie
    Vive le son, vive le son
    Mort à la bourgeoisie
    Vive le son
    D'l'explosion !

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